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Quand tu penses que le cauchemar est derrière toi.

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Quand tu penses que le cauchemar est derrière toi. Empty Quand tu penses que le cauchemar est derrière toi.

Message par Admin Mer 6 Avr - 13:50

4 avril 2016 Monplaisir [/i

]Quand tu as 21 ans et que tu décroches ton premier job.

Quand tu as choisi de devenir préparatrice en pharmacie et que le seul moyen d’y parvenir, c’est de passer par la case apprentissage.

Quand on te demande d’avoir ton bac pour passer ce diplôme, mais que tu apprends plus tard que finalement tu n’as pas un niveau bac plus deux, mais seulement niveau bac, ce qui diminue tes chances de pouvoir te reconvertir.

Quand ton patron et sa femme commencent à te faire vivre en enfer.

Quand il te parle comme à une merde.

Quand au lieu de t’apprendre ton métier, ils passent leur temps à te rabrouer. Qu’ils t’expliquent que si au bout de six mois tu n’as pas su ranger les produits solaires par indice dans le rayon tu es une incapable.

Quand tu passes ton temps à dépoussiérer des étagères, qu’il te faut environ trois semaines pour tout nettoyer et quand tu as terminé, tu dois recommencer encore et encore.

Quand tu dois laver à la main tes chiffons à poussière.

Quand ta collègue n’a pas rangé un carton et que tu te prends une remontrance à sa place.

Quand ta patronne trouve une mouche derrière un produit et t’accuse devant les clients de ne pas avoir fait ton travail correctement.

Quand tu jettes les poubelles et que tu as eu le malheur de laisser une bouteille en verre dans le sac-poubelle et que c’est un scandale parce qu’il faut faire le tri sélectif. Alors qu’on te fait découper en petits morceaux les cartons dans ce même sac-poubelle pour les mettre avec les ordures ménagères.

Quand tu oses déranger ton patron pour poser une question, parce que tu as peur de faire une erreur. Alors que tu es apprentie et qu’il est au comptoir.

Quand le lendemain, il te demande de te trouver un autre apprentissage, parce que tu ne dois pas poser de question, et que sinon il va te virer et que toutes les façons si tu restes il va t’empêcher de trouver un autre travail.

Quand tu n’en peux plus que tu demandes à ton médecin de t’arrêter, qu’il accepte, mais te conseilles d’y retourner, car sinon tu n’auras jamais le courage d’y retourner et que tu n’obtiendras jamais ton diplôme.

Quand ton copain t’emmène à l’inspection du travail pour demander si on peut te virer comme ça et qu’on t’explique que le chantage au licenciement est du harcèlement moral. Que tu tombes de haut, que tu n’avais pas l’impression de subir cela, que ça ne peut pas être du harcèlement moral et que même dix ans plus tard tu as beau savoir que c’en était, tu as toujours du mal à le croire.

Quand tu envoies une lettre recommandée, que tu reçois une réponse de mauvaise foi, que tu en parles à tes profs, qu’ils sont étonnés, car tu es une élève brillante, qu’ils se déplacent pour arranger les choses, que le pharmacien explique que c’est toi la fautive.

Quand tu vomis avant d’aller au travail.

Quand tu es tellement énervée que la maison est aussi un enfer.

Quand au travail tu es tellement stressée que tu perds tous tes moyens, que tu finis par penser que tu n’es pas si intelligente que tu le pensais, que tu es une incapable, que tu n’auras jamais de travail parce que tu es trop bête.

Quand tu es convoquée dans le bureau de la directrice avec tes profs qu’ils te proposent une rencontre pour arranger ta situation, que tu refuses et qu’ils insistent parce qu’ils veulent t’aider, et que tu finis par fondre en larmes, parce que cette confrontation est au-dessus de tes forces, car tu arrives à un point où tu es tellement refermée sur toi, que tu parviens à faire abstraction du reste au travail et qu’ouvrir une discussion ne va servir à rien et que tu as peur qu’ensuite ça devienne pire qu’avant.

Quand tu comptes les mois jusqu’au diplôme pour enfin te sortir de cet enfer.
Quand lors de ton dernier jour tes collègues t’offrent un cadeau pour que tu ne gardes pas que des mauvais souvenirs de cet endroit.

Quand tu passes une épreuve éliminatoire que tu sors en larmes parce que tu penses que tu t’es plantée.

Quand enfin tu as les résultats, que tu es reçue et que tu hurles de joie.
Quand tu es major de ta promo, que tous ces sacrifices n’ont pas servi à rien. Qu’avec le recul tu as appris à devenir plus forte et que tu ne laisseras plus jamais rabaisser.

Quand tu crois que tout est terminé, que tu ne te rends pas compte que n’est que le début.

Quand tu passes par quelques CDD, que les patrons sont contents de toi, que tu travailles dans une bonne ambiance.

Quand enfin tu trouves un CDI.

Quand ton patron te félicite pour ton travail régulièrement.

Quand tu penses que le cauchemar est derrière toi.

Quand les ordres de ton patron sont obscurs, et que tu demandes des explications plus précises, tu te fais rabrouer parce que c’est pourtant clair. Que tu deviens experte à comprendre ses ordres, et tu fais souvent trois choses à la fois.

Quand tu commences à avoir peur de quitter ton travail pour aller chercher ta fille malade à la crèche et tu envoies plutôt ton mari qui a des patrons compréhensifs.

Quand ta collègue te demande de changer tes horaires et te demande si tu peux commencer un quart d’heure plus tôt pour qu’elle ait un après-midi.

Quand ton patron te demande de refuser parce que non il ne veut pas qu’elle ait un après-midi et que traumatisée par ton expérience précédente tu acceptes de soutenir ton patron. Parce que tu ne veux pas que ça recommence.

Quand ta collègue te fait la gueule.

Quand tu as renoncé à tes principes et que tu n’es pas fière de toi.

Quand tu comprends qu’il faut diviser pour mieux régner. Et que c’est exactement ce qui est en train de se passer.

Quand la prime d’été de 180 euros saute.

Quand on t’appelle hors tes heures de travail pour te poser une question.

Quand à chaque fois qu’il faut faire des heures supplémentaires au dernier moment, tu réponds présente et tu fais garder ta fille en urgence.

Quand tu demandes à aller à réunion de rentrée dans 15 jours avec la maîtresse, mais qu’on le refuse parce qu’il faut demander avant. Sauf qu’avant c’était les grandes vacances et que forcément tu ne pouvais pas voir les dates de la réunion, que tu expliques gênée à la maîtresse que non tu n’es pas une maman qui se moque de la scolarité de ta fille, mais que ton patron a refusé que tu quittes plus tôt pour venir.

Quand tu continues de t’investir encore et encore, quand tu fais ton travail du mieux possible, que tu noues une relation de confiance avec la clientèle, qu’elle t’apprécie, te demande si ton patron ne t’en fait trop baver et qu’avec un sourire tu démens parce que sinon tu pourrais te faire virer.

Quand une collègue à des problèmes importants de santé et qu’on annule tes congés au dernier moment, parce que le comptable ne veut pas faire un contrat CDD pour juste trois semaines. Que ta fille est déçue de ne pas avoir sa maman pendant une semaine.

Quand tu demandes un changement d’horaire et qu’on te le refuse parce qu’on n’a pas envie de s’embêter avec ça.

Quand tu demandes un après-midi pour aller à la fête de l’école voir ta fille danser et qu’on te répond de t’arranger avec tes collègues. Que tu veux échanger un après-midi, mais qu’il faut échanger des heures et non un après-midi. Que tu travailles cinq heures et ta collègue trois. Que pour payer ta dette d’heures à ta collègue tu résous un vrai casse-tête et que finalement pour un après-midi de libre tu viens une matinée et un après-midi, en plus.

Quand tu t’arranges avec tes collègues pour que vos congés ne se chevauchent pas. Mais qu’on vous les refuse parce qu’il ne faut pas poser la première semaine du mois. Alors que vous savez pertinemment que c’est un faux prétexte, que vous n’êtes pas en zone touristique, et que le mois d’août votre ville est désertée.

Quand un samedi matin de libre on t’appelle pour venir, parce que ta collègue à la gastro, qu’elle est au travail, que tu la plains et que tu y vas. Sauf que tu as ton grand-père à l’hôpital et que tu avais prévu d’y conduire ta grand-mère. Quand encore une fois tu trouves quelqu’un pour garder ta fille en urgence.

Quand tu échanges ton samedi avec ta collègue.

Quand le mardi ton grand-père décède, que tu prends des jours jusqu’à la fin de la semaine. Parce que tu es incapable de travailler, ton boulot c’est de servir des ordonnances et quand tu n’as pas la tête à ça c’est faire prendre des risques aux gens.

Quand tu apprends que l’enterrement, c’est lundi, que tu retournes au travail et que tu demandes un jour de plus et qu’on te rétorque qu’on a besoin de toi ici. Alors que le samedi d’avant tu as tout quitté pour répondre présente. Que le lundi est accepté à contrecœur et que tu culpabilises.

Quand tu reviens et que l’on t’annonce que le samedi où ta collègue est venue travailler à ta place, car elle te le devait, est compté comme un jour de congé.

Quand en six ans tu n’as pas posé un seul jour de maladie.

Quand tu racontes à la médecine du travail que tu n’en peux plus, que tu lui dis que tu comptes tomber enceinte et qu’elle te conseille de prendre un congé parental pour souffler un peu.

Quand tu es enceinte et que tu expliques à ta gynéco que tu travailles debout et que tu n’as pas l’autorisation de t’asseoir. Qu’elle s’énerve contre ton patron et te dit qu’il n’a pas le droit de refuser.

Quand tu n’as pas de cafetière, de micro-onde, ni de frigo disponible sur ton lieu de travail, juste une vieille bouilloire dans une caisse.

Quand tu es fatiguée par ta grossesse, qu’il fait 40 °C, que tu as mal aux jambes, que tu as les pieds enflés que tu fais des heures supplémentaires pour que tes collègues puissent partir en congés.

Quand tu t’assois derrière sur la seule chaise disponible, et qu’on te demande de rester devant.

Quand finalement ton médecin t’arrête, et que tu préviens un mois avant ton patron pour qu’il ait le temps de trouver quelqu’un.

Quand tu t’aperçois que tes indemnités de sécurité sociale ne sont pas versées, que tu demandes des comptes à la sécu et qu’ils t’expliquent qu’ils n’ont pas reçu l’attestation de salaire de ton patron, que légalement cette attestation doit être envoyée dans les trois jours.

Quand tu demandes ton papier pour l’apporter toi-même et qu’on te dit qu’il n’est pas rempli et que tu ne l’auras pas aujourd’hui.

Quand tu décides, ne pas te laisser faire, car tu as un loyer à payer, des factures qui tombent et ta famille à nourrir, et que tu obtiens ton précieux sésame dans la journée.

Quand tu es en congé parental et que tu souffles. Quand la date de ton retour au travail approche, que tu stresses parce que tu sais que tout va recommencer en pire, parce qu’on va te faire payer ta grossesse. Et que tu vas devoir encore écouter les propose racistes, homophobes et sexistes de ton patron et que tu vas la fermer parce que tu n’as pas le choix.

Quand au cours d’une discussion avec une collègue, tu apprends qu’une remplaçante s’est vue annuler ses congés parce que le fils du patron qui travaille avec vous était fatigué. Fiston qui vit chez papa et maman nourri, logé, blanchi.

Quand tu travailles à deux, que tu vis à quatre avec 2000 euros par mois, parce que ton boulot malgré les responsabilités est mal payé. Que tu ne vas pas chez le coiffeur, ni chez l’esthéticienne, presque jamais au restaurant, rarement au cinéma, jamais au théâtre, que tu ne pars pas en vacances, t’offres quelques fringues pas chères deux fois par an parce que tu en as besoin, achètes de la bouffe de merde pour nourrir tes enfants, que les fins de mois sont extrêmement difficiles.

Quand tu sais que ton poste n’a pas été remplacé et qu’un licenciement économique te pend au nez, à moins que ton patron veuille te pousser à bout pour te faire démissionner. Et qu’il sera assez intelligent pour faire ça dans le cadre de la loi, que tu ne pourras rien prouver.

Quand tu choisis de témoigner anonymement car tu risques un licenciement pour faute grave.

Quand tu as 35 ans et qu’il te reste encore de nombreuses années à travailler dans ces conditions.

Alors non je ne veux pas de cette loi travail, c’est donner encore plus de pouvoir à ce genre de personne, c’est encore plus de précarité pour les familles comme la mienne. Dans les PME, nous n’avons pas de syndicat, pas de comité d’entreprise, pas de RTT, pas de ticket restau, pas de ticket vacances. Nous n’avons aucun avantage, presque pas de droit, et souvent des salaires de misère. Les patrons ont déjà le droit de décider de nos dates de congés, peuvent les annuler au dernier moment pour des conditions exceptionnelles. Certains patrons n’ont aucune reconnaissance pour votre investissement, votre travail, vos compétences, votre abnégation.

Je vaux mieux que ça.

On vaut mieux que ça.

Source : [i]http://www.onvautmieux.fr/2016/04/04/quand-tu-penses-que-le-cauchemar-est-derriere-toi
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